
Henry Miller, né le 26 décembre 1891 à New York, et mort le 7 juin 1980 à Pacific Palisades (Californie), était un écrivain et essayiste américain.
Son œuvre est marquée par des romans largement autobiographiques dans une Amérique puritaine dont il a voulu stigmatiser l'hypocrisie morale.
Sexus, 1949
- Sexus (1949), Henry Miller (trad. Georges Belmont), éd. Le Livre de Poche, coll. « biblio », 2016 (ISBN 978-2-253-04038-5), partie I, p. 26
- Sexus (1949), Henry Miller (trad. Georges Belmont), éd. Le Livre de Poche, coll. « biblio », 2016 (ISBN 978-2-253-04038-5), partie I, p. 40
Pour réussir dans l'art d'emprunter, il faut que l'idée devienne une monomanie comme pour toute réussite. Si l'on est capable de s'y adonner entièrement, comme aux exercices du yoga, c'est-à-dire de tout cœur, sans bégueulerie ni réticence d'aucune sorte, on peut vivre toute sa vie sans gagner un sou vaillant. Naturellement, le prix est trop élevé. Quand on est coincé, la meilleure des vertus, la seule efficace, c'est le désespoir. Et la voie la meilleure, c'est la moins ordinaire. Il est plus facile par exemple, d'emprunter à un inférieur qu'à un égal ou un supérieur. Il est aussi très important d'être prêt à se compromettre, pour ne pas dire à s'abaisser, ce qui est une condition sine qua non. Celui qui emprunte est toujours un coupable, toujours un voleur en puissance. Personne ne rentre jamais dans l'argent prêté, même si le contrat prévoit des intérêts. Celui qui exige sa livre de chair est toujours refait, ne serait-ce que pour la rancœur ou la haine qu'il s'attire. Emprunter est positif ; prêter, négatif. Le métier d'emprunter est peut-être gênant ; mais il est aussi jovial, insctructif, dans la droite ligne de la vie. L'emprunteur a pitié du prêteur, bien qu'il doive souvent encaisser les insultes et les injures de ce dernier.
Foncièrement, emprunteur et prêteur ne font qu'un. C'est pourquoi on peut philosopher tant qu'on voudra ; le mal est inextirpable. Ils sont fait l'un pour l'autre, tout comme l'homme et la femme. Si fantastique que puisse être la demande, si insensée que soient les conditions, il y aura toujours quelqu'un pour prêter l'oreille et raquer le nécessaire. Le bon emprunteur fait son boulot comme le bon criminel. Son premier principe est de ne jamais s'attendre à recevoir rien pour rien. Ce qu'il veut, ce n'est pas le moyen de se procurer de l'argent aux meilleures conditions ; c'est exactement le contraire. Quand des gens biens se trouvent face à face, l'échange de paroles se réduit au minimum. Ces gens-là s'acceptent mutuellement sur leur bonne mine, comme on dit. Le prêteur idéal, c'est le réaliste qui sait que, demain, la situation peut se renverser, et l'emprunteur devenir prêteur.- Sexus (1949), Henry Miller (trad. Georges Belmont), éd. Le Livre de Poche, coll. « biblio », 2016 (ISBN 978-2-253-04038-5), partie I, p. 82-84
- Sexus (1949), Henry Miller (trad. Georges Belmont), éd. Le Livre de Poche, coll. « biblio », 2016 (ISBN 978-2-253-04038-5), partie I, p. 114-115
Citations
- (en) We don't have to make [the Earth] a Paradise-it is one. We have only to make ourselves fit to inhabit it.
- (en) The air-conditioned nightmare, Henry Miller, éd. New Directions publishing, 1970, preface, p. 23
Citation choisie pour le 31 mai 2009.
